Les facteurs font grève, les taxis les remplacent et vendent la mèche

La Poste fait face depuis juin à une forte grève des postiers dans les plate-formes de tri. Ça se passe dans l’Eure et en Haute-Normandie et ça perturbe pas mal le service. Alors La Poste a décidé de faire appel aux taxis pour compenser et pour distribuer le courrier aux habitants. Une bonne idée… qui ne comptait pas sur la solidarité des travailleurs.

En grève contre la nouvelle organisation du travail

La réorganisation du travail des postiers est la cause du litige qui oppose les syndicats et La Poste. 80 % des facteurs sont en grève dans le département de l’Eure et le courrier a dû mal à être distribué. Les discussions entre les deux parties sont au point mort malgré plusieurs rencontres depuis le début de la grève, le 22 juin 2015. Bref, une situation impossible à gérer.

La Poste a donc eu la bonne idée de faire appel aux taxis : elle les a chargés de faire le travail que ne font pas les postiers en grève. Les taxis transformés en postiers, en voilà quelque chose d’original. Mais rien ne s’est, en réalité, passé comme l’avait prévu la direction de La Poste car les taxis n’ont pas voulu faire de tort à leurs amis postiers.

Les taxis vendent la mèche, le plan tombe à l’eau

La Poste a contacté les taxis pour leur proposer un deal intéressant : 300 € hors taxes pour chaque portion de zone à distribuer. Selon les syndicats de La Poste, c’est quasiment six fois plus que le salaire des facteurs. Mais comment ont-ils été mis au courant, les facteurs ? Simplement grâce aux taxis.

Car au lieu de prendre le contrat, juteux, qui nécessitait tout de même une organisation complexe (rendez-vous secrets tôt le matin et distribution en catimini), les taxis sont allez voir les syndicats des postiers pour leur dire, en gros : « Regardez ce qu’a tenté de faire La Poste dans votre dos ! ».

Au final, le courrier n’est toujours pas distribué mais les syndicats ont en main une arme de plus pour faire plier la direction de La Poste à leurs exigences.

(source : radins)

Grève des postiers dans le secteur de Val-de-Reuil-Louviers-Alizay

Tous les jours dès 6 h 30, les grévistes montent le campement devant le centre de tri de Val-de-Reuil

Les boîtes aux lettres de nombreux habitants du territoire sont orphelines. Depuis le début de la grève des postiers du centre de tri de Val-de-Reuil, lundi 22 juin – lire nos précédentes éditions -, le courrier n’arrive plus ou au compte-gouttes. Et les clients n’hésitent plus à faire part de leur mécontentement.

« Depuis le 22 juin je n’ai absolument rien reçu », peste Martine, habitante à Amfreville-sur-Iton. « Je ne reçois pas les journaux auxquels je suis abonnée. Et plus embêtant, ma nouvelle carte bancaire qui m’a été envoyée par ma banque, se trouve je ne sais où ! » Quant à avoir une réponse auprès de la Poste « il y a quatre numéros différents et je finis par tomber sur un message m’invitant à composer un numéro surtaxé… »

PAS DE JOURNAL

Guy, lui, a réussi à avoir quelqu’un à Val-de-Reuil. « Je m’inquiétais de ne pas avoir de courrier depuis une dizaine de jours. Là on m’a « ‘‘ confirmé qu’il y avait une grève’ ’. J’ai répondu qu’on m’en informait. C’est alors qu’on m’a dit que si je lisais le journal, je le saurais ! Mais justement, je suis abonné à Paris Normandie et je ne le reçois pas à cause de la grève ! » Ce sexagénaire habitant à La Vacherie, à côté d’Hondouville, s’étonne aussi « d’entendre parler dans les médias que les facteurs aident les plus âgés pendant la canicule. Moi, je ne vois personne, je suis isolé ! »

Du côté des entreprises, certaines s’organisent, d’autres ne peuvent que subir. « Nous recevons le courrier mais personne ne vient le récupérer », témoigne-t-on dans une importante société pharmaceutique de Val-de-Reuil. À quelques mètres de là, une autre société du secteur explique que «l’on a fait la démarche de voir ce qu’il était possible de mettre en place. La Poste nous a autorisés à venir chercher notre courrier. Donc tout n’est pas bloqué mais tout n’est pas trié, il y a du retard », souligne le responsable du service courrier. Et puis pour d’autres, il y a celles qui s’inquiètent comme cette entreprise du Vaudreuil : « ça va devenir pénalisant. On attend des factures. »

La direction courrier de La Poste certifie, elle, que depuis le début du mouvement, tous les secteurs ont au moins été couverts une fois. « La continuité du service minimum est assurée », assure-t-elle avant de préciser « qu’il y a deux jours de retard cumulés » et « 30 grévistes sur 105 postiers ».

SOUTIENS ET PASTÈQUE

Si globalement les critiques ne sont pas dirigées directement contre les facteurs, n’ont-ils pas peur que ce mouvement nuise à leur image ? « Les gens nous soutiennent, ils sont solidaires », assurent les grévistes. « Dès qu’on leur explique notre mouvement, ils trouvent aberrant que l’on n’ait pas encore obtenu gain de cause, rapporte Djamel Larbi (syndicat Sud PTT). Ce n’est pas nous qui prenons les gens en otage, c’est la direction qui nous prend en otage. »

Devant le campement installé quotidiennement, dès 6 h 30, les avertisseurs sonores se font régulièrement entendre. En effet les voitures sont invitées à manifester ainsi leur solidarité.

Une « caisse de grève » recueille des dons car « beaucoup vont avoir du mal à s’en remettre financièrement », relève Jean-Jacques Lasji (syndicat FO). « Des gens nous déposent régulièrement des petites choses, c’est super-sympa », témoigne une factrice de Val-de-Reuil. À l’instar de Patricia et Yvon, hier matin. Ces Rolivalois ont apporté une pastèque : « C’est normal de les soutenir, ce sont eux qui nous apportent le courrier tous les jours et par tous les temps. »

Les postiers, qui assurent être à 80 % en grève, reçoivent aussi le soutien d’élus, de gauche comme de droite. Et plus particulièrement de Val-de-Reuil, Pont-de-l’Arche et Alizay.

VIOLAINE GARGALA

Les négociations se poursuivent

Si les postiers font grève c’est pour protester contre la réorganisation qui était prévue au 1er juillet.

Celle-ci prévoit notamment la mise en place de tournées sacoches – la tournée est préparée par un autre agent que le facteur. Et l’allongement des tournées.

Tous les jours des négociations ont lieu entre la direction et les grévistes. « La semaine dernière on n’avançait pas, là il y a de petites avancées ». En effet la direction « a annulé les tournées sacoches. Mais nous souhaitons trois positions de travail supplémentaires », précisent les syndicats.

(source : paris normandie)

Louviers/Val-de-Reuil/Alizay : le conflit des postiers, en grève illimitée, s’enlise

Les postiers se réunissent tous les jours à Val-de-Reuil

Depuis lundi 22 juin, des postiers des plateformes courrier de Louviers, Val-de-Reuil et Alizay sont en grève illimitée. Ils protestent contre la réorganisation, qui prévoit notamment la mise en place de tournées sacoches (les facteurs ne préparent plus les tournées, qui sont allongées) – lire notre édition de mardi 23 juin. Aucune négociation avec la direction n’aboutit. La situation est totalement bloquée. Et la distribution du courrier peut l’être. Plusieurs habitants se plaignent de ne rien recevoir depuis une semaine. « Je n’ai plus les journaux auquel je suis abonné. Alors que je paie », soupire un Lovérien. La direction de La Poste avait assuré, au premier jour de grève, que la distribution serait assurée par le personnel non gréviste et des renforts. Qu’en est-il. « Un plan de continuité a bien été mis en place. Mais il y a un roulement entre les zones non distribuées », explique la direction courrier. Plusieurs jours se passent donc entre chaque distribution.

La direction, qui elle compte entre 35 et 37 grévistes, assure que dans le cadre des négociations, « des propositions sont faites quotidiennement, pour sortir du conflit ». « La semaine dernière, on faisait du sur place. Cette semaine, on recule de trois pas », résume Djamel Larbi, syndicat Sud PTT, qui indique que vendredi dernier, « quelqu’un de la direction de Rouen est arrivé pour reprendre en main les négociations. Mais la seule chose qu’on nous propose, c’est d’augmenter le nombre de tournées sacoches. On ne comprend pas. »

La situation bloque aussi du point de vue des élus. Les maires d’Alizay, Gaëtan Levitre (PCF), et de Pîtres, Jean Carré (SE), se sont clairement opposés à la volonté de la direction. Elle prévoit de déplacer deux postiers, actuellement à Alizay, à Pîtres. « On leur a également fait part de notre inquiétude quant à l’état de santé des salariés. J’ai entendu parler de grève de la faim, glisse le conseiller départemental. Si rien n’est fait, nous allons apporter notre aide pour aller vers un mouvement plus important. »

Hier après-midi, une petite délégation de grévistes s’est rassemblée devant la préfecture à Évreux où elle souhaitait être reçue. Une demande qui est restée lettre morte.

(source : Paris-Normandie)

APPEL A SOLIDARITE : GRÉVISTES DE VAL DE REUIL (27)

LA GRÈVE CONTINUE ! Appel au soutien…

Bonjour,

Voici 9 jours que les factrices et facteurs du centre de distribution courrier de Val de Reuil, qui comprend aussi les sites de Louviers, Alizay et Pitres, sont en grève (voir photos) contre une réorganisation particulièrement lourde : suppression de 8 tournées et mise en place de tournées « sacoches ». Ce projet de réorganisation, jugé pathogène par le rapport d’expertise voté en CHS-CT, fait également l’objet d’une demande de suspension devant le TGI d’Evreux.

Les préavis ont été déposés par SUD et CGT, mais des représentants FO et CFDT sont présents et accueillis dans la délégation des grévistes, qui rencontre quotidiennement les représentants de l’entreprise.

Dès le début du conflit, la Poste a multiplié les provocations, non seulement à l’encontre des grévistes et de leurs représentants, mais aussi à l’encontre de la population venue les soutenir et des élus locaux. De leur côté, les grévistes mènent la lutte avec détermination et dignité et conduisent de nombreuses actions pour populariser leur conflit.

La Poste (DSCC de Haute-Normandie) reste aujourd’hui bloquée sur son projet de « sacoches ». Cette organisation, qui consiste à déposséder le facteur de la préparation de sa tournée pour ne lui laisser que la partie distribution, vise à détruire le métier, à supprimer l’autonomie dans le travail, à éloigner les agents du collectif des salariés et à alourdir considérablement la charge.

Le syndicat régional SUD-PTT de Haute-Normandie fait appel à la solidarité financière pour permettre aux grévistes de tenir bon face à une direction qui devra bien finir par céder !

Vous pouvez envoyer vos chèques à l’ordre de SUD-PTT à syndicat SUD-PTT de Haute-Normandie 144 boulevard de l’Europe 76100 ROUEN avec la mention « solidarité Val de Reuil ».

Des motions de soutien sont aussi les bienvenues (fax : 02 35 63 09 09)

Merci d’avance !

Louviers/Val-de-Reuil/Alizay : les postiers sont en grève

La grève est reconduite aujourd’hui mardi. Les facteurs se réunissent à nouveau à Val-de-Reuil

Devant La Poste, rue Courtine à Val-de-Reuil, certains facteurs ont commencé une partie de cartes. La journée va être longue… Ils travaillent aux plateformes courrier de Louviers, Val-de-Reuil et Alizay, et en grève illimitée, ils manifestaient leur colère, hier lundi. Reçus par la direction, des représentants syndicaux ont négocié une partie de la journée.

Et si les postiers ne sont pas contents, c’est qu’une réorganisation doit se mettre en place au 1er juillet. Elle prévoit les « tournées sacoches. Cela signifie que nous n’allons plus préparer nos tournées. Ce sont des agents qui vont le faire », explique un gréviste. Hier, ils étaient une « cinquantaine mobilisés et le taux de grévistes se situe entre 80 et 85 % », selon les syndicats. Selon la direction, sur les 105 personnes concernées par le préavis, 34 étaient grévistes.

« Je vais faire 9 km de plus »

La réorganisation prévoit des suppressions de tournées « huit sur l’ensemble des trois plateformes », indique Nicolas Bigot, délégué CFDT. Par conséquent, « nos tournées seront agrandies et plus longues. Actuellement, elles durent de quatre à cinq heures. Après, elles seront de sept heures, voire plus. Quand il fait froid, très chaud ou qu’il pleut des cordes, c’est très dur », témoigne Noura Damerval, représentante syndicale SUD PTT en Haute-Normandie.

À Louviers, où « quatre tournées seront supprimées », et où le local sera fermé, Marie-Claude, quinquagénaire, va voir son nombre de boîtes aux lettres augmenter de 550. « Je vais faire 9 km de plus à vélo à assistance électrique. Pourtant, dès 50 ans, on devrait avoir une tournée plus légère… »

« C’est une baisse de la qualité de service », estime Nicolas Bigot. Sylvie et Sandrine, elles, assurent que préparer sa tournée, c’est important. « On connaît les gens. Des fois, il y a des erreurs d’adresse mais nous on sait pour qui sait… Et puis on aime cette partie de notre travail ! »

À Alizay, sur les sept facteurs, deux doivent aller à Pîtres et un à Val-de-Reuil. « Les personnes à Pîtres seront isolées et en mal-être. On était déjà à l’écart mais là… »

Le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHCST), à qui a été présentée la réorganisation le 18 décembre, a fait appel à un cabinet d’expertise sur cette réorganisation. « Dans ses préconisations, il dit que les tournées sacoches vont augmenter la pénibilité. Mais la direction ne veut rien entendre. Alors sur la base de cette expertise, le CHSCT l’assigne en justice. Le jugement sera rendu le 16 septembre. En attendant, on veut une suspension de la réorganisation. » Une revendication qui a été portée hier lors des négociations.

Une « adaptation nécessaire »

Pour la direction courrier de Haute-Normandie, cette réorganisation se justifie par la nécessité de faire face « à la baisse du volume de courrier à traiter par jour. On est à moins 6 ou 7 % par an. Entre 2008 et 2018, par projection, on prévoit une diminution de 50 %. Et cela en raison de la dématérialisation. On doit s’adapter. Et notre modèle social prévoit qu’il n’y ait pas de plan social. La Poste s’engage à garder tous ses postiers donc il faut réorganiser. »

La direction assure que la distribution est assurée pendant la grève, par le personnel non gréviste et des renforts. Le mouvement est reconduit aujourd’hui mardi.

(source : Paris Normandie)