Alors que s’achève une quatrième semaine de perturbations dans la distribution du courrier liée à la mise en service de la nouvelle plate-forme, sur la zone Actiparc (Saint-Laurent-Blangy), le syndicat SUD PTT voulait marquer le coup avec un piquet de grève reconductible, ce jeudi. Un mouvement peu suivi, par « moins de 3 % de suivi des postiers » selon la direction.
La direction de la branche services courrier colis du Pas-de-Calais écrit ceci, dans un communiqué daté de ce jeudi : «Depuis le début de la semaine, on tend, sur l’ensemble de l’Arrageois, vers une distribution quasi-normale. Pour autant, quelques dysfonctionnements peuvent subsister par endroits et les postiers s’attachent à y remédier. »
Elle précise que la plate-forme de Tilloy-lès-Mofflaines, temporairement rouverte la semaine dernière pour que des intérimaires y traitent les « plis non distribués en juin », a été fermée ce mercredi. Et elle ajoute que « l’appel à la grève a été suivi par moins de 3 % » des postes et a donc « très peu d’incidence sur la distribution du courrier, ce jour. »
« Risques psychosociaux »
Les représentants de SUD PTT 62, seul syndicat à avoir déposé un préavis, ne tirent de ce faible taux de participation que cette conclusion : « La situation ne va pas s’améliorer pour les clients. Les agents sont tous à bout de nerfs. Perdre une journée de travail, dans ce contexte, c’est encore plus difficile. Et ils se sentent comme obligés de ne pas s’arrêter, pour ne pas pénaliser les clients davantage, ni entacher encore plus l’image de la Poste. » Ils parlent au nom d’agents épuisés physiquement, mais pas seulement : « Par ces agressions verbales à répétition sur le terrain, on entre dans le registre des risques psychosociaux. Des collègues craquent. »
Devant le nº66 bis, rue des Hochettes1, à Arras, où un seul des sept facteurs s’est mis en grève, deux autres étant en arrêt maladie, ils sont clairs : « La question, c’est de savoir si l’organisation mise en place depuis le 21 juin est capable, dans un avenir proche, d’absorber tout le travail. » Mickaël Dubois, secrétaire départemental de la section SUD PTT y répond lui-même : « Non . Quand il s’agit juste d’un problème de connaissances, d’agents pas encore bien rodés, c’est réglé en une semaine. Ici, les choses durent depuis un mois et la situation est enlisée. »
« On ne peut pas revenir à la normale »
Le travail des agents est « trop important », dénoncent-ils. Au-delà de la grande pagaille générale dans le tri du courrier, toujours pas résolue, « on ne peut pas revenir à la normale, les tournées sont trop énormes. » Le syndicat se satisfait du recrutement d’une quarantaine d’intérimaires, arrivés par vagues depuis le 21 juin. « Mais alors que cette organisation a été mise en place pour réduire les coûts et le personnel, on se demande comment la direction voit aujourd’hui les choses, et combien ça lui coûte », s’interroge Pascal Looten, secrétaire départemental adjoint de SUD PTT branche courrier.
Le syndicaliste soulève un autre problème de fond : « À l’heure où l’on lance de nouveaux services, quel patron va faire confiance à la Poste ? Des clients sont déjà en train d’abandonner leur boîte postale ou de chercher des solutions pour contourner la Poste. »
1 L’un des trois bureaux de distribution de courrier – avec ceux du boulevard Schuman et de la route de Cambrai – ouverts à Arras, en même temps que la plate-forme d’Actiparc. Ils remplacent l’ancien point de distribution de la rue Gambetta.
(source : la voix du nord)